Brochetage d'une coque bois

Je crée ce sujet pour regrouper les infos sur le bordage et le brochetage.
Je remets ici quelques commentaires et photos déjà en ligne sur le montage de mon Victory, mais pour les lecteurs cherchant des infos, c'est plus simple.

Déjà, le vocabulaire :
Bordé : l'ensemble des baguettes (virures) qui composent une coque. On parle d'un bordé.
Virure : chaque baguette sur la coque
Oeuvres mortes : La coque au dessus de l'eau (elle ne "travaille" pas)
Oeuvres vives : toute la coque sous l'eau (elle "travaille" avec la mer)
Brochetage : effiler (tailler en plus "étroit") une virure pour épouser la forme de la coque

La plupart du temps, seules les oeuvres vives sont brochetées.

- En fait, il faut déjà déterminer le placement de la première virure : celle qui sépare les oeuvres mortes des oeuvres vives. Souvent, elle est au niveau du premier pont.
- Il faut trouver le couple le plus grand, généralement au milieu de la coque. On l'appelle Maître Couple (MC).
- Pour ce faire, avec un mètre ou une règle souple, on calcule la distance entre la quille et cette première virure.
- Une fois trouvé la distance sur le MC, on la divise par la largeur d'1 baguette (généralement 5mm dans les kits). Ça donne le nombre de baguettes qui devront être posées.
- Après, on calcule la distance quille/baguette sur les plus petits couples : celui de la proue et celui de la poupe. Et on divise ces 2 distances par le nombre de baguettes trouvé précédemment sur le MC. Ça donne un chiffre du type 3.56... En gros, on diminuera chaque virure (baguette) de 5mm à 3.5 en bout de coque.
- Et pour connaitre la pente pour couper, il faut faire ça sur chaque couple intermédiaire (entre le MC et celui de la proue/poupe).
Ce qui va donner la réduction à faire pour les virures et avoir un bordé correct.

Toutes les virures des oeuvres vives de la coque ci-dessous sont brochetées sur la proue (pas plus de la moitié sur les 5mm de large), environ les 2 tiers de celles en place le sont aussi sur la poupe.
Brochetées entre 2 cornières en alu, avec un rabot. Ou bien taillées à l'X-Acto selon mon envie du moment...
La plupart des chants de chacune des virures sont taillés en biseau pour épouser la courbe des couples. Fait avec une petite gouge plate.





















Toutes les virures sont trempées dans l'eau au moins une ou deux heures, puis appliquées sur la carène pour prendre la forme (elles se tordent donc dans le même sens que les courbes des couples), et enfin collées une fois sèches (important !), avec juste un passage du stylo papier de verre pour faire une couche de sciure sur le joint.
Je n'aime pas trop l'alcool à brûler pour les lattes après quelques essais.











Je pars du principe que meilleur est le joint entre les virures au départ, et moins on s'emmerde à poncer après !!
Encore moins à mastiquer/pâte à bois, puis reponçage, etc... Mais là, je ne l'envisage même pas puisque bordage unique.
Mais ça demande de la patience pour bien tailler et laisser sècher, sinon, ça ne sert à rien.

A la proue et à la poupe, l'espace pour les virures, même brochetées, est plus étroit. On ne peut pas toujours respecter la règle du même nombre de virures qu'au maître couple (milieu de la coque).

On peut mettre une virure plus courte, et tailler la suivante :











Une fois poncée, cette courte virure ne se voit plus ou plutot, elle fait parte de la coque :





Pour finir la coque, en plus d'un ponçage, je préfère utiliser des grattoirs d'ébéniste (magasins de brico).
Je trouve que l'on sent mieux les courbes de la coque. Il en existe des rectangulaires, mais aussi des courbes. C'est très pratique pour lisser et égaliser le bordé.












Les dernières photos de ce sujet pour brocheter, en montrant le résultat avant ponçage définitif et teinture.
C'est ma façon de faire, elle n'est pas exclusive !

J'espère simplement que le fait de montrer en plus de la théorie pourra aider.

Nous voici sur un sujet très bien fait et doté d'astuces que je ne connaissais pas.
Un excellent tutoriel photographique qui va en aider plus d'un d'entre nous.
Je te remercie pour ce partage très porteur pour mes prochaines réalisations.

énorme montage très chouette

Oui très beau tuto ça va m aider merci

Effectivement, je trouve ce tutoriel exemplaire (vocab, calcul, séquence, outillage, conseils, astuces...), en plus concrétisé par de superbes photos de ses réalisations (ya de quoi être jaloux...).
Pour info, ce sujet m'a permis, après quelques essais sur échantillons et au bout du compte sans regret, de me lancer dans le brochetage de la coque du bateau en cours, après fabrication (effileuse de poche, bac de trempage, planche de cintrage...) ou acquisition (pistolet air-chaud...) d'outils simples mais nécessaires.

Serge a écrit:Un excellent tutoriel photographique qui va en aider plus d'un d'entre nous.

Effectivement, c'est clair, précis et très explicite : merci Gilles

Très instructif !!! merci...

sujet passionnant très bien documenté et didactique. une simple interrogation, pourquoi cette réticence concernant l'utilisation de l'alcool à brûler pour le cintrage ? Y aurait-il des effets secondaires indésirables ou d'autres raisons ?
En tout cas, merci pour cet article.

Merci
Et je n'ai rien contre l'alcool à brûler. J'ai simplement précisé que je préférais l'eau. C'est simple et tout aussi rapide pour former mes baguettes. D'autres n'utilisent qu'une pince à cintrer sans tremper du tout. Toutes ces méthodes sont excellentes.